Le 16 avril 2013, le LHC accédait à la LNA, pour ne plus la quitter

Tout fan du Lausanne Hockey Club depuis plus de 10 ans qui se respecte se souvient de ce qu’il faisait le 16 avril 2013. C’est la date du 6e match d’une série âpre contre Langnau. Un match qui suivait une défaite en Emmenthal et qui promettait d’être chaud bouillant dans le chaudron de Malley.

Chacun se souvient des heures qui précèdent la venue à la patinoire. La lecture des journaux du matin, la tension qui monte, l’excitation, mais aussi le stress dans le ventre, l’heure qui n’avance pas, la concentration au bureau qui baisse à mesure que le rendez-vous se rapproche.

Que l’on soit simple supporter, capo de la Section Ouest, speaker officiel, gardien, attaquant ou entraîneur, ces émotions folles, on les a toutes ressenties ce soir-là.

Le coup de poker de l’entraîneur

« Cela me semble tellement loin et pourtant les émotions sont encore si vives, reconnaît Gerd Zenhäusern. Je crois qu’elles vont le rester encore un bon moment. Cela fait maintenant six ans que je ne coache plus, cela me paraît fou ! » L’entraîneur du LHC lors de cette ascension en LNA reconnaît que cette date du 16 avril résonne pour lui chaque année : « Bon, mon fils est né le 14, ça aide un peu pour m’en souvenir ! » ajoute-t-il avec un sourire.

Et pourtant quand on lui demande de raconter sa journée, il remonte le temps avec une facilité déconcertante. « C’était un jour difficile, j’étais vraiment nerveux. Langnau nous avait écrasés lors du 5e match et je ne me voyais pas aller chercher la promotion chez eux. C’était donc LE match à gagner. J’avais préparé un coup de poker avec Setzi : soit ça passait, soit ça cassait ! »

Pour rappel, Oliver Setzinger s’était déchiré les ligaments croisés trois mois auparavant. Normalement, il faut en compter le double avant un retour à la compétition. Mais le 16 avril 2013, l’Autrichien a fait plus que de la figuration sur la glace de Malley…

« J’ai préparé ce face-à-face comme n’importe quel autre en gardant tous mes rituels, reprend le Valaisan. Je me suis appliqué comme toujours au moment de préparer le dernier discours devant l’équipe. Je leur ai parlé d’écrire une page d’histoire dont on se souviendrait encore longtemps. C’est le cas aujourd’hui, non ? »

La nostalgie du capo de la SO

« Je signe immédiatement pour revivre ça demain ! » Lionel Chanez animait la Section Ouest pendant le deuxième tiers ce soir-là. Il avoue ressentir une énorme nostalgie en repensant à cette soirée. « Parfois j’ai l’impression que c’était hier, même si tant de choses ont changé en dix ans. Avec le retour au sein de l’élite, nous nous sommes retrouvés brutalement confrontés au sport business… »

Le supporter passionné tient à préciser que, pour lui, cette promotion se dessinait depuis quelques mois déjà. « C’est depuis janvier déjà qu’on a vécu cet acte final. On a bien senti quand Gerd est arrivé à la tête de l’équipe que quelque chose avait pris. On savait que c’était possible et… le rêve est devenu réalité. »

Au moment de décrire sa soirée du 16 avril, Lionel Chanez peine à trouver ses mots. « C’était une pure folie. Je doute de pouvoir revivre un jour une ambiance pareille et c’est bien dommage. Une heure avant le match, c’était plein. On ressentait un mélange de passion, de stress et d’incertitude. Les explosions de joie sur les buts, puis la crispation quand les Tigres poussaient fort. Nous étions une armée en soutient à notre équipe. Puis je me souviens du saut que j’ai fait des gradins pour envahir la glace avec les autres et commencer à fêter notre bonheur toute la nuit ! »

Les jambes qui tremblent de l’attaquant

« Je me souviens assez bien du déroulement du match, j’ai une bonne mémoire pour ça. J’ai l’impression que c’était il y a moins de dix ans, mais peut-être que je refuse de vieillir ! » Florian Conz évoque lui aussi ce match spécial avec émotion. « On était rapidement entrés dans le match, la ligne surprise avait réussi à faire la différence. Puis Langnau est revenu, mais je me souviens surtout de mes jambes qui se sont mises à trembler lors des dernières minutes, quand j’ai commencé à réaliser que nous allions monter. En en quelques secondes, quand la sirène retentit, tu as un bouton qui switche : de la pression et la concentration de toute une saison tu passes à une explosion de joie indescriptible. Et ce bonheur, il est encore plus grand quand il est partagé. Avec les coéquipiers, d’abord, car c’est ce genre d’expérience qui noue des liens hyper forts puis avec le public, évidemment. Je me souviens que, durant les semaines qui ont suivi, plusieurs personnes m’ont dit merci en me croisant dans la rue. C’est un sentiment très spécial. »

La frustration du speaker

Laurent Brenoulli, qui a quitté le micro du LHC à la fin de la saison après 23 années de bons et loyaux services n’a pas vécu cette soirée comme il l’aurait désiré. « Nous étions encore deux speakers à l’époque et j’ai perdu au tirage au sort ! C’est donc Florian Bornet qui a donné de la voix lors de ce match de promotion. Et comme consolation, j’ai commenté la rencontre depuis la patinoire de l’Odyssée, où elle était retransmise sur écran géant puisque Malley était pleine. »

Fidèle à lui-même, le bonhomme cherche toujours à voir le verre à moitié plein. « C’est clair que c’était un peu frustrant, mais j’ai tout de même vécu une très belle expérience : les gens étaient tout aussi fous dans l’Odyssée qu’à Malley. Et dès le coup de sifflet final, j’ai couru rejoindre les autres sur la glace. On se serrait dans les bras, Beat Kindler me demandait des micros pour haranguer le public… C’était vraiment mémorable ! »

La modestie du gardien

S’il a été déterminant en fin de match, Cristobal Huet ne mentionnera jamais sa propre performance au moment de parler de cette victoire 3-2 contre les Tigres de Langnau. « C’est drôle, on a reparlé récemment de ce match avec Alex Reinhard, qui était sur le banc adverse lors des deux premières rencontres de la série. Ça me semble loin, mais je me souviens quand même de cette impression que le temps avançait au ralenti lors des dix dernières minutes tellement on était stressés… J’ai beau avoir gagné d’autres titres, ça reste tout de même un très beau souvenir. »

Celui qui entraîne désormais les gardiens du LHC avait-il passé la nuit à fêter cette promotion ? « Honnêtement, je ne me souviens pas. Je me rappelle juste qu’on était restés très longtemps dans le vestiaire avec nos familles, dans notre bulle. »

En guise de conclusion, « Cristo » évoque le chemin parcouru. « Même s’il y a eu pas mal de hauts et de bas, cette promotion marque le début d’une nouvelle ère pour le LHC. Aujourd’hui on a la chance de travailler dans de superbes infrastructures et je trouve important de ne pas oublier ce genre de moments d’où le club est sorti grandi. »