À la découverte de Drake Caggiula

Pour sa première expérience professionnelle en dehors du sol américain, Drake Caggiula vient renforcer l’effectif du Lausanne Hockey Club. Grâce à sa forte expérience en NHL (8 saisons pour 292 rencontres disputées), le Canadien a fait le choix de venir se tester à la National League pour la seconde partie de sa carrière. En pleine phase de pré-saison, l’ancien fan des Maple Leafs de Toronto a accepté de nous expliquer sa relation au hockey sur glace depuis sa tendre enfance. Entretien.

Le hockey sur glace au centre de sa vie

Drake est né à Pickering, ville proche de Toronto en Ontario. Comme majoritairement dans les différentes régions du Canada, le hockey sur glace est au centre des vies et des discussions de ses habitants. Une passion à laquelle notre nouvel attaquant n’a pas pu échapper.

Drake Caggiula : « J’ai grandi toute mon enfance dans cette plutôt grande ville où il doit y avoir presque 100’000 habitants. Honnêtement, tu as l’impression que tout le monde fait du hockey sur glace ou en tout cas apprécie en regarder à la télévision. Dès que tu vas à l’école, tu fais partie d’une équipe et cela te donne cette impression de faire partie d’une même communauté rassemblée autour de ce sport. Je pense qu’il y’a 12 patinoires rien que dans la ville. J’ai également un grand frère qui a commencé avant moi. Je passais mon temps à le regarder jouer avec ses amis, puis j’ai eu la chance de jouer avec eux. Cela m’a d’ailleurs beaucoup aidé dans mon développement de pouvoir m’entrainer avec des personnes plus vieilles, fortes et talentueuses que moi. Dans ma famille, on vivait hockey et on mangeait hockey.

En habitant à côté de Toronto, j’étais vraiment fan de la franchise des Maples Leafs, même si j’étais avant tout un amoureux de ce sport. J’aimais pouvoir regarder des matchs à la télévision, mais ce n’était pas aussi simple qu’aujourd’hui. Je prenais juste plaisir à regarder d’autres équipes, car ce qui m’importait était le jeu en lui-même. Ce sont d’excellents souvenirs que j’ai avec mon père. On se posait les deux sur le canapé tous les samedis soirs et si on avait un peu de chance, il y’avait Toronto ou d’autres équipes canadiennes qui passaient à la télévision. »

Est-ce que c’est un regret pour toi de ne jamais avoir eu l’opportunité de jouer pour les Maple Leafs lorsque tu étais en National Hockey League ?

Drake Caggiula : « Lorsque j’étais à l’université de North Dakota, la franchise était intéressée par me signer, mais je sentais que ce n’était pas idéal pour moi de jouer aussi près de chez moi. Tu vois ce que je veux dire ? Tu as tes parents, tes amis qui viennent te voir constamment, c’est beaucoup de distractions. Alors j’avais refusé leur offre. Maintenant, je me dis que j’aurai bien voulu y jouer, ne serait-ce qu’un seul match. Je n’ai donc pas de regret, mais ça aurait été comme un petit rêve de le faire. »

Place à la formation

Après plusieurs années à jouer pour son équipe locale des Ajax-Pickering Raiders, Drake Caggiula est drafté en OHL et jouera pendant deux saisons avec les Stoufville Spirit, puis rejoindra l’université de North Dakota très réputée dans la formation d’athlètes professionnels.

Drake Caggiula : « C’était important pour moi de pouvoir aller en NCAA et un passage par l’OHL était une étape logique dans ma formation. C’est une ville plus petite que d’où je viens et ça m’a fait du bien de pouvoir jouer là-bas. On a également gagné le championnat et il y’avait une petite communauté de 500-700 personnes qui nous supportaient pendant toute la saison.

Par la suite, j’ai réussi à rentrer à l’université de North Dakota qui est un des meilleurs programmes universitaires lorsque l’on veut devenir sportif professionnel avec Michigan, Boston College ou Denver, probablement dans le top 5 du pays. Ils ont prouvé avec le temps en aidant des centaines de jeunes à devenir professionnel comme Jonathan Toews ou Zach Parise. Si tu as envie de devenir professionnel en tant que joueur de hockey, cette école t’aidera vraiment pour y parvenir. J’y suis resté pendant 4 années pendant lesquelles on a réussi à rester très compétitif avec un titre gagné lors de ma dernière année, c’était vraiment comme dans un rêve honnêtement. C’est aussi durant cette période que j’ai pu me construire en tant qu’homme adulte et plus comme un adolescent. »

Tu viens de mentionner cette dernière année à l’université où tu as gagné le titre NCAA et été élu MVP du tournoi. Penses-tu que c’est à ce moment que tu as réussi à te démarquer pour aller plus tard en NHL ?

Drake Caggiula : « Hmm… Je pense que chaque année m’a permis de passer un cap. Lors de ma première saison, j’avais 18 ans et je jouais contre des gars qui avaient parfois 26 ans, c’était dur. Plus les années passaient, plus j’ai réussi à m’imposer techniquement et physiquement. Il y’a eu une grosse évolution après ma deuxième année, car c’est à ce moment-là que différentes équipes NHL ont commencé à m’appeler pour pouvoir me signer. Mon rêve de pouvoir jouer dans la meilleure ligue du monde commençait à devenir petit à petit réalité. Lors de ma dernière saison, je pense avoir réussi à muter en commençant à jouer comme un joueur de NHL, c’est ce qui a fait la différence selon moi. »

Bienvenue dans le monde professionnel

À la suite de ses quatre années universitaires, l’ailier canadien va intégrer la NHL en tant que non-drafté pour les Oilers d’Edmonton. Récompensé pour son assiduité et ses excellentes performances, le futur numéro 96 du LHC s’est donné le droit de faire de son rêve d’enfant une réalité.

Drake Caggiula : « Lorsque j’ai signé avec Edmonton, je suis arrivé avec cette étiquette de non-drafté. Dans un sens, tu as plus de pression au début, car tu n’as qu’une seule année de contrat et tu te dois de prouver que tu mérites ta place chaque jour. La franchise t’accordera peut-être un peu moins de pardon que si elle t’avait drafté auparavant, parce qu’elle n’a pas besoin de justifier ses choix de draft. Cependant, lorsque tu n’es pas drafté, tu ne t’attends peut-être pas à avoir une chance de jouer à ce niveau. Dans un sens, tu n’as pas beaucoup à perdre et tu ressens moins d’attente sur tes épaules. En analysant ma manière d’être en tant que joueur et surtout en tant qu’humain, la possibilité d’avoir réussi à atteindre mon rêve d’enfant est tout simplement incroyable. »

Lors de sa première saison professionnelle, le Canadien aura l’occasion de disputer 60 rencontres de saison régulière ainsi que 13 matchs en playoffs. Malgré différentes blessures qui le couperont dans son élan pendant plusieurs saisons, Drake se montre satisfait de son expérience nord-américaine.

Drake Caggiula : « À cause d’un coup que j’ai reçu lors du dernier match de pré-saison, j’ai manqué 8 à 10 semaines du début de ma première saison. Je n’ai pu revenir au jeu qu’après 30 matchs environ et ce n’a pas été facile de commencer dans ces conditions. Quelques mois auparavant, j’étais encore un joueur universitaire et je me devais de passer le cap pour être au même niveau que mes coéquipiers. Ce n’est pas quelque chose de facile et encore moins lorsque tu ne peux pas commencer en même temps que les autres. J’ai perdu beaucoup de confiance en moi sur le moment à cause de cet incident. Mais tu apprends que les blessures font partie du jeu et avec le temps, tu apprends à relativiser.

J’ai beaucoup de bons souvenirs de mon passage en NHL : mon premier match dans lequel j’ai eu mon premier assist, le premier but après 8 rencontres, mon expérience en demi-finale des playoffs face à Anaheim où j’ai découvert ce qu’étaient les vraies ambiances de patinoire, j’en ai tellement. J’ai également eu la chance de pouvoir jouer avec Conor McDavid à Edmonton, avec Patrick Kane à Chicago ou avec Sidney Crosby à Pittsburgh, je suis tellement chanceux d’avoir pu les côtoyer pendant plusieurs temps. »

Une nouvelle étape dans sa carrière

Aujourd’hui, Drake Caggiula sort de sa zone de confort et vient se confronter à une ligue qu’il n’a jamais connue. Patinoire plus grande, règles différentes, l’attaquant a conscience des différentes adaptations qu’il aura à faire, sans que cela l’effraie pour autant.

Drake Caggiula : « En ce qui concerne la taille de patinoire qui est plus grande ici, je pense que ce sont de petits ajustements. Dans un sens, c’est même positif pour moi, car ma qualité de patinage est peut-être mon plus grand point fort. J’aurai un peu plus d’espace et de temps pour prendre des décisions. En signant à Lausanne, je connaissais les changements qui allaient se confronter à moi et c’est ce que je recherchais.

D’un point de vue familial, arriver ici maintenant est juste une chance. Je n’étais jamais venu en Suisse auparavant et je suis juste bouche-bée des paysages, de la qualité de vie et de la façon dont tout est accessible en voiture, en train ou en avion. C’est important pour nous de ne pas arriver ici en tant que simple passager, nous voulons nous établir ici pendant un moment, c’est une nouvelle étape de notre vie avec ma femme. Nous voulons faire partie de la communauté, découvrir une nouvelle région avec ses propres cultures. Nous allons inscrire nos deux filles à l’école ici pour qu’elles puissent également vivre un nouveau chapitre de leur vie à Lausanne.

J’ai hâte que la saison commence et que je puisse petit à petit vous rencontrer depuis la glace ou en-dehors de la patinoire. »