La saison 2024–25 du Lausanne Hockey Club s’est conclue il y a un peu plus d’un mois. Depuis, le club vit une intersaison intense, marquée par plus d’une dizaine de mouvements au sein de l’effectif. Alors que la préparation estivale bat son plein dans les coulisses, l’heure est venue de faire un point de situation.
Pour évoquer cette phase cruciale, nous nous sommes entretenus avec John Fust, directeur sportif du LHC. Il revient sur les choix faits ces dernières semaines, la philosophie du club, l’état d’esprit des joueurs, et les défis à venir. Entre continuité, remobilisation et recherche d’excellence, le LHC prépare dans des conditions optimales la saison 2025-26.
« La pause estivale n’est pas vraiment synonyme de repos pour un directeur sportif. C’est une période assez chargée. On passe beaucoup de temps à analyser la saison écoulée, que ce soit avec le staff ou les joueurs, pour en tirer des enseignements. En parallèle, on planifie activement la prochaine saison.
On a été assez dynamiques sur le marché des transferts, notamment avec les joueurs étrangers, mais aussi quelques renforts suisses. Côté coaching staff, il y a eu une prolongation majeure, alors que l’arrivée de nouveaux visages vient d’être annoncée. On reste pleinement mobilisés jusqu’à la reprise. »
Une intersaison intense et stratégique
La préparation estivale est une étape fondamentale, même si elle reste souvent invisible du grand public. Entre retours progressifs de vacances, programmes individualisés et encadrement à distance, le staff met tout en œuvre pour que chaque joueur, quel que soit son point de départ, arrive au camp de préparation fin juillet dans les meilleures conditions. Une orchestration complexe, pensée pour garantir performance et continuité.


« Une partie de l’équipe est revenue de vacances il y a quelques semaines, mais nous avons encore plusieurs joueurs à l’étranger, et nos internationaux au repos. Cette période estivale est donc complexe à gérer : la préparation est courte, et chacun suit un planning différent. C’est un véritable défi d’encadrer tous nos joueurs dans ces situations variées — qu’il s’agisse de nouveaux étrangers qui ne sont pas encore arrivés à Lausanne ou de joueurs à qui nous permettons de suivre une partie de leur préparation ailleurs.
Heureusement, nous avons la chance de collaborer avec Quirin Söhnlein (Head of Performance), qui coordonne toute la préparation physique de nos joueurs. Peu importe leur emplacement, chaque joueur est en contact quasi quotidien avec un préparateur physique et suivi de près. Ce lien permanent assure une continuité dans l’effort.
Nous avons confiance en nos joueurs. Ce sont des professionnels, et même avec un laps de temps limité, ils savent tirer le maximum de chaque séance. L’été dernier l’a prouvé : malgré une préparation condensée, nous avons constaté une progression physique importante. C’est essentiel dans une ligue aussi compétitive que la nôtre — un relâchement de 5 % peut faire toute la différence. »
Gérer les changements et construire une nouvelle dynamique
Chaque intersaison apporte son lot de mouvements. Le départ de certains visages familiers, l’arrivée de nouvelles recrues : autant d’éléments qui façonnent la dynamique d’un vestiaire. Pour le directeur sportif du LHC, il ne s’agit pas d’une rupture, mais d’une évolution stratégique visant à maintenir une exigence de haut niveau. Construire, ajuster, progresser — le mot d’ordre est clair.
« Cet été, il y a eu beaucoup de mouvements dans l’effectif, ce qui peut parfois susciter des interrogations. Pour moi, c’est une évolution naturelle dans le sport. Même si nous sommes très fiers de nos joueurs et des résultats obtenus ces deux dernières saisons, il faut régulièrement injecter du sang neuf pour garder l’équipe compétitive et motivée.
Notre philosophie, c’est l’amélioration constante. Tant que nous ne sommes pas arrivés là où nous souhaitons, nous devons continuer à chercher des moyens de progresser. Nous avons réalisé une très belle saison — premiers en saison régulière, finalistes en playoffs — mais il reste une marge de progression. Chaque recrutement, que ce soit en attaque ou en défense, est le fruit d’une analyse précise. »
Gardiens : construire un tandem fort
Contingent : Thibault Fatton (2026), Connor Hughes (2030), Kevin Pasche (2027)
Le poste de gardien est un pilier de stabilité dans toute équipe ambitieuse. Cette saison, le LHC s’est assuré les services d’un tandem de haut niveau, capable de répondre à l’intensité d’un calendrier chargé. Gestion intelligente du temps de glace, confiance mutuelle et ambition partagée sont les maîtres mots de ce duo complémentaire.


« L’une des premières décisions a été le retour de Connor Hughes. Les coachs ont rapidement souligné l’importance de disposer de deux gardiens de très haut niveau, surtout avec une saison qui s’annonce dense : 60 à 80 matchs, sans oublier les contraintes liées au calendrier des Jeux olympiques.
Kevin Pasche a fait une saison exceptionnelle, mais il nous fallait sécuriser cette position clé. Avec Connor et Kevin, nous avons deux gardiens du cadre national, capables de se relayer et de maintenir un haut niveau de performance, tout en se reposant. La gestion de ce duo s’est faite en pleine transparence avec les joueurs : leur objectif est clair — gagner et performer au plus haut niveau. »
Défense : entre reconstruction et potentiel
Contingent : Iñaki Baragano (2029), Erik Brännström (2028), Cédric Fiedler (2027), Gaël Haas (2028), Fabian Heldner (2028), Aurélien Marti (2028), Sami Niku (2027), Basile Sansonnens (2028), Nathan Vouardoux (2027)
La défense du LHC a connu une profonde transformation. Moins expérimentée, mais plus rapide et avec un énorme potentiel de développement, cette nouvelle configuration défensive repose sur des talents en plein essor, encadrés par des recrues étrangères de qualité. L’objectif : bâtir une défense solide, capable de relancer vite et bien, tout en élevant son niveau dans les moments clés.


« Il est vrai que nous avons perdu de l’expérience avec les départs de joueurs comme Genazzi, Frick ou Glauser. Nous misons désormais sur une défense plus mobile, plus jeune, avec des profils qui ont un fort potentiel de progression.
Iñaki Baragano, dans le cadre élargi de la sélection nationale, a un rôle clé à jouer. Basile Sansonnens revient d’une année remarquable en Amérique du Nord. Il a gagné en maturité et en expérience. Aurélien Marti a été excellent en playoffs, Cédric Fiedler impressionne physiquement, et Nathan Vouardoux, s’il reste en bonne santé, peut franchir un cap. Les recrues étrangères Sami Niku et Erik Brännström viennent renforcer ce socle avec de la qualité et de l’expérience. »
Attaque : équilibre entre talents confirmés et profils complémentaires
Contingent attaque : Benjamin Bougro (2027), Drake Caggiula (2026), Austin Czarnik (2027), Floran Douay (2026), Jason Fuchs (2029), Makai Holdener (2028), Michael Hügli (2027), Ken Jäger (2026), Dominik Kahun (2027), Ahti Oksanen (2026), Raphael Prassl (2026), Damien Riat (2030), Théo Rochette (2026), Antti Suomela (2027), Yannick Zehnder (2028)
Pour rester compétitif, le secteur offensif doit conjuguer puissance, créativité et engagement. Cet été, le LHC a fait des choix précis pour renforcer chaque ligne, avec des profils capables d’apporter autant sur la feuille de match que dans le vestiaire. L’idée directrice ? Maintenir une menace constante, répartie sur tout le front de l’attaque.


« En attaque, nous avons remplacé certains départs par des profils à fort impact. Yannick Zehnder est un joueur complet, expérimenté, et surtout doté d’une mentalité de champion. Il est capable de jouer sur plusieurs lignes et dans toutes les situations.
Parmi les étrangers, Austin Czarnik apporte non seulement son talent offensif — meilleur marqueur de la ligue — mais aussi du leadership. Drake Caggiula est un profil énergique, intense, qui incarne bien notre mentalité de « playoff hockey ».
Floran Douay est un renfort important pour notre quatrième ligne. Il apporte une dimension physique et un rôle bien défini, ce qui nous a manqué par moments la saison passée. Cela participe à notre volonté d’avoir une formation où chaque joueur contribue à l’intensité physique de l’équipe. »
Stabilité et continuité sont des vecteurs essentiels de performance. Dans cet esprit, le club œuvre à prolonger des joueurs clés qui incarnent l’identité du projet. Les discussions en cours avec certains cadres comme Ken Jäger et Théo Rochette s’inscrivent dans cette volonté de fidélité mutuelle et de projection à moyen terme.
L’émergence de nouveaux leaders
Un groupe fort repose aussi sur sa capacité à renouveler son leadership. Avec le départ de figures emblématiques, l’heure est venue pour d’autres joueurs de s’affirmer. Ce passage de relais s’inscrit dans une culture d’exigence et de transmission, où chacun est appelé à prendre ses responsabilités.


« Avec les départs de plusieurs leaders, il était naturel que d’autres prennent la relève. Des joueurs comme Fuchs, Jäger ou Marti sont prêts à assumer ce rôle. Ils ont appris auprès de figures importantes ces dernières années, et c’est maintenant leur moment. »
Coaching staff : continuité et renforcement
Le coaching staff joue un rôle central dans la réussite collective. Entre prolongations de confiance et nouvelles arrivées, le LHC est en train de consolider son encadrement avec une vision à long terme. Expérience, complémentarité et expertise technique : tout est réuni pour faire franchir un cap supplémentaire à l’équipe.


« La prolongation de Geoff Ward jusqu’en 2028 s’est faite naturellement. Il croit en notre projet, apprécie le club et la ville, et a refusé plusieurs offres prestigieuses. Rob Cookson rejoint le staff en tant qu’entraîneur assistant — son expérience en NHL et dans le développement des jeunes à Zurich est un atout considérable pour accompagner notre transition.
Yannick Dubé, de son côté, représente un atout majeur dans notre philosophie de développement. En tant que Skills coach, il se consacre entièrement à l’amélioration technique des joueurs : patinage, maniement, lecture du jeu, vision. Son expérience en Allemagne, notamment chez Red Bull et auprès de jeunes joueurs comme Tim Stützle ou JJ Peterka — désormais établis en NHL — témoigne de son efficacité. Il accompagne aussi plusieurs joueurs NHL de renom, preuve de la confiance que les meilleurs talents placent en lui.
Mais ce qui rend sa présence encore plus précieuse, c’est son engagement auprès de l’ensemble du club : il travaillera non seulement avec la première équipe, mais aussi avec notre académie. C’est un pas décisif pour concrétiser notre ambition de faire émerger des talents locaux capables de s’imposer au plus haut niveau. »
Culture de l’excellence : chaque détail compte
Au plus haut niveau, la différence se joue souvent sur des marges infimes. Pour franchir le dernier palier, le club adopte une approche globale, en réévaluant chaque rouage de son fonctionnement. L’objectif ? S’installer durablement parmi les meilleures organisations de la ligue, en cultivant une exigence collective permanente.


« Nous avons atteint deux finales consécutives, mais nous savons qu’il reste une marche à gravir. Pour franchir ce cap, nous analysons en profondeur tous les aspects du club : pas seulement l’effectif, mais aussi les méthodes d’encadrement, le fonctionnement quotidien, le scouting. Notre vision est simple mais exigeante : tout le monde, à tous les niveaux, doit chercher à progresser.
C’est cette culture d’excellence que nous construisons à Lausanne. Et au-delà du savoir-faire, nous sommes fiers d’avoir des personnes de grande qualité humaine, aux parcours jalonnés de titres et d’expériences de haut niveau, pour nous accompagner dans cette mission. »
L’équipe est prête… mais toujours à l’écoute
Le contingent est complet, les bases sont solides, mais l’état d’esprit reste ouvert. Car le hockey moderne exige une adaptation constante. Qu’il s’agisse d’un ajustement ponctuel ou d’une opportunité de marché, le club reste attentif aux occasions qui peuvent renforcer l’équipe au bon moment.
« Aujourd’hui, si la saison commençait, nous serions prêts. L’équipe est construite, équilibrée, et le groupe est solide. Cela dit, le travail ne s’arrête jamais. Nous restons attentifs à toutes les opportunités — qu’il s’agisse d’ajustements durant l’été ou en cours de saison. Les échanges avec d’autres clubs, les profils étrangers proposés, tout cela fait partie d’un processus continu de veille et d’amélioration. »
Une équipe qui incarne l’identité lausannoise
Plus qu’une équipe performante, le public veut une équipe exemplaire. Combatifs, solidaires, intenses : les Lions ont su incarner ces valeurs sur la glace, match après match, depuis deux saisons. Cette identité forte, applaudie par les supporters, restera au cœur de la saison à venir. Car c’est bien cette âme collective qui fait du LHC un club à part.


« Au-delà des résultats, ce que le public a salué ces deux dernières années, c’est l’attitude irréprochable de l’équipe. Que ce soit à domicile ou à l’extérieur, chaque match a été disputé avec intensité, combativité et esprit collectif.
C’est ce que nous voulons continuer à offrir : une équipe déterminée, qui accepte le défi, portée par l’ambition de franchir enfin ce dernier palier. Le 9 septembre, les joueurs qui entreront sur la glace représenteront Lausanne avec fierté, discipline et énergie. Et même si le chemin est difficile — toutes les équipes se sont renforcées — notre force est dans notre cohésion, notre exigence et notre volonté constante de nous surpasser. »