Jean Lussier se remémore ses souvenirs d’entraîneur lors de la promotion 94-95

Le vendredi 21 février, le Lausanne Hockey Club célébrera avec enthousiasme le 30ᵉ anniversaire de la promotion 94-95 en faisant revenir l’équipe emblématique de cette génération entrainée à l’époque par Jean Lussier. Grand monsieur des Lions, le coach canadien avait repris en main l’équipe lorsqu’elle se trouvait en 1ère division. Dans le cadre de l’évènement, le « Grand Jean » a pris le temps de se remémorer ses souvenirs les plus marquants de cette époque.

Une ville qui mérite le haut niveau

Quand je t’évoque la période du LHC dans les années 90 et principalement la promotion 94-95, quels sont les premiers souvenirs qui te viennent à l’esprit, Jean ?

Jean Lussier : « Cette époque, c’était avant tout un bon groupe de joueurs avec un esprit de camaraderie avec lequel on avait des ambitions par rapport à l’année précédente, où on avait juste échoué pour la promotion. Ce sont des souvenirs qui sont assez lointains, 30 années ça passe vite, mais il y’a quand même des trucs qui restent marqués en toi. Je pense directement au public et à l’ancienne patinoire, car je n’ai encore jamais eu la chance d’aller dans la nouvelle. A Malley, c’était vraiment très difficile de venir jouer pour l’adversaire et le public était vraiment derrière nous, j’ai rarement vu un tel engouement. Je repense au dernier match de la saison avec une patinoire archi comble, je pense qu’on dépassait les normes de sécurité ce soir-là.

Quand je suis arrivé à Lausanne comme joueur, c’était la première année de Malley. On était en première ligue et même à ce moment, on avait du public qui nous suivait. J’ai toujours trouvé ça remarquable, car on avait un avantage d’apport considérable sur les autres équipes du championnat. L’énergie du kop nous a motivés et donné de l’énergie pour faire remonter cette équipe à l’endroit où elle devait réellement être. Il y’a toujours eu du respect entre l’équipe et les fans et le soutien est toujours resté dans le cadre du hockey sur glace.

J’ai toujours dit que le hockey suisse devait être représenté par des grandes ville s’il voulait se montrer attractif aux joueurs du monde entier. Avoir Lausanne en National League est pour moi une nécessité pour le bien du hockey suisse. Ici, on sentait que les spectateurs avaient envie d’avoir un club dans le meilleur niveau et aujourd’hui ils récoltent ce qu’ils ont mérité avec un LHC dans le haut du tableau. Aujourd’hui, je continue à suivre d’un oeil ce qui se passe dans le hockey suisse lorsque j’ai le temps et j’ai beaucoup espoirs de les voir finir champion prochainement ».

Une équipe prête au haut-niveau

Était-ce un objectif dès le départ de tenter la promotion en LNA ou les bons résultats de la saison vous ont donné de nouvelles idées ?

Jean Lussier : « On était obligé de passer un cap en avant après la désillusion de la défaite contre Rapperswil l’année précédente. C’était pour un objectif dès le départ de faire mieux en gardant la même ossature, mais en améliorant quelques détails pour finir à la 1ère place de saison régulière. Les gens en place sur le moment nous ont permis d’y arriver en allant chercher quelqu’un comme Claude Verret qui était le meilleur joueur de la ligue. On savait qu’on devait profiter de ces moments à 100% et que c’était une chance de faire partie de ce groupe. On ne pouvait pas avoir un objectif moins ambitieux que la promotion en LNA. Même si le club n’était pas prêt à monter d’un point de vue administratif, ce n’était pas le problème de l’équipe, mais celui des dirigeants de l’époque. Le sport avait toutes les cartes en main pour y parvenir et c’est ce qu’on a fait. C’est assez dur de le dire comme ça, mais c’était la réalité : notre travail était de faire gagner le maximum de matchs à cette équipe talentueuse ».

Le travail du coach

Lorsqu’on a autant d’individualités talentueuses dans l’équipe, comment fait-on pour obtenir un collectif efficace ?

Jean Lussier : « On avait la chance d’avoir beaucoup d’individualités très fortes au LHC. Ce sont les bons joueurs qui font les bons entraineurs, il n’y a pas de miracle. Ma plus grande mission était d’arriver à trouver les meilleures combinaisons de ligne pour que chacun exploite le mieux ses qualités, mais prenne du plaisir à travailler ensemble. Une fois que la saison a commencé et que des matchs ont été disputés, on a découvert certaines affinités entre des joueurs sur la glace et dans le vestiaire, c’était important pour moi de leur laisser une grande liberté et de leur donner l’occasion de pouvoir pratiquer ensemble pendant les matchs pour améliorer leur connexion.

Pour ces questions, j’ai toujours su m’entourer des bonnes personnes pour faire les meilleurs choix. Je consultais régulièrement mon assistant et certains cadres de l’équipe comme Martin Desjardins, Jean Gagnon ou Claude Verret. Ce sont des gens sur qui j’ai pu m’épauler et leur demander leurs avis sans que ce soient eux qui prennent des décisions. C’étaient les plus aptes à comprendre quelles étaient les meilleures affinités dans le vestiaire. Plus la saison avançait et plus ma seule inquiétude à ce moment-là, c’était d’en perdre un sur blessure, car nous n’avions pas une très grande profondeur d’effectif ».

Une soirée exceptionnelle

Évoquons le dernier match contre Grasshopper et la victoire 8-0 qui permet au Lausanne Hockey Club d’être promu en LNA. Comment cela a été vécu à l’interne ?

Jean Lussier : « Je pense que ce soir-là, tout le monde voulait vivre ce moment, on jouait pour toute une région. On savait que le public allait être avec nous et j’ai comme souvenir que les joueurs avaient conscience de l’importance de la rencontre. Dès que la rencontre a démarré, j’ai senti que ce serait impossible pour Grasshopper de faire un bon match dans ces circonstances. Nous les avons dominés du début à la fin et je crois que le score de 8-0 reflète très bien l’image de la rencontre. Les joueurs étaient prêts, je ne ressentais pas beaucoup de nervosités dans le vestiaire. C’est souvent comme ça, l’avantage de la glace prend tout son sens dans ces moments importants ».